domingo, 10 de junio de 2012

Critique de Gore par Aurélie Laurière (Dans Girls meet Paris)

Gore : des extraterrestres, des junkies, de l’amour


Extraterrestres et squatteurs réunis pour le salut final © Lucas Olmedo.

Quand on s’installe, le spectacle a déjà commencé (non, on n’était pas en retard !). Une fille, de dos, son casque vissé sur les oreilles, danse frénétiquement et sensuellement. Délibérément trop forte, une musique obsédante emplit – mieux, sature – l’espace. Autant dire qu’on n’a pas le temps de se demander si on va entrer dans la pièce. On y était déjà avant d’arriver. 
Gore, de Javier Daulte, est une pièce qui mêle drogue, violence et science-fiction. Le théâtre de tous les événements est un squat, forcément peu accueillant. Cinq marginaux y vivent plus ou moins bien jusqu’à ce qu’un couple venu d’une autre galaxie fasse irruption. Le tandem est à la recherche d’une substance capable de sauver leur espèce en voie d'extinction. Le hic ? Celle-ci se trouve dans le système nerveux humain. C’est sûr, les junkies vont être un peu bousculés. 
Soledad (Dominique Dani) et Damián (Chap Rodríguez Rosell) : un couple de squatteurs tout sauf sans histoire © Lucas Olmedo.

Mais Gore, de Javier Daulte, est une pièce qui mêle drogue, violence, science-fiction et amour. Oui, une pièce qui parle d’amour et qui aborde la mort aussi. Surprenant, hein ! On s’attendait à du loufoque, à du barré, et on a trouvé du romantisme. C’est qu’ils tentent désespérément de s’aimer et de lutter contre le temps qui passe ces extraterrestres « froids et calculateurs » et ces junkies hargneux et dévergondés. 
D’ailleurs, la bizarrerie pour la bizarrerie, ça finit toujours par nous ennuyer, nous. Aucun risque de ce type avec Gore. Pour mettre des mots sur son travail, le metteur en scène, Lucas Olmedo, cite volontiers Win Wenders : « Nous vivons dans des villes et les villes vivent en nous. » C’est exactement ce qu’on ressent en tant que spectateur. La ville Gore nous accueille en son sein. C’est un premier pas. Au fur et à mesure que l’histoire se déroule et que nous y trouvons des échos à nos expériences personnelles, Gore se met à vivre en nous. Et alors, c’est gagné : plus rien ne nous semble bizarre.
Petit cours de langue extraterrestre © Lucas Olmedo.

Et puis, si on ne s’ennuie pas une minute, c’est surtout parce qu’on rit beaucoup. Les personnages, qui ne parlent pas la même langue, ont tellement de mal à communiquer !  Ça, le metteur en scène l’a puisé dans son expérience récente. Argentin, il ne vit en France que depuis un an : « Je dois confesser que durant plusieurs mois, je n’ai rien compris à ce que disaient les acteurs, ou à ce qu’ils se disaient entre eux, pendant les pauses ou après les répétitions. […] De longs passages de la pièce – liés à l’incommunication – peuvent être un miroir de nos répétitions. Rencontres confuses, intenses et pleines d’honnêteté qui forment l’une des expériences les plus enrichissantes de ma vie. » 
C’est amusant, mais la beauté qui naît de l’incompréhension et de la difficulté à communiquer, ça nous fait penser au dialogue amoureux. Et voilà, on y revient… 

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